Le numérique a révolutionné notre société et notre mode de vie. Chaque jour, des milliards de contenus sont diffusés sur internet et sur les réseaux sociaux.
Selon une étude mené par la Haut Conseil de l’Egalité en novembre 2023, les réseaux contribuent fortement au creusement des inégalités entre les hommes et les femmes. Entre invisibilisation, stéréotypes et violences en ligne, il est important pour les femmes de connaître leurs droits afin de faire entendre leurs voix.
A l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes le 8 mars, Tous au Web veut sensibiliser sur les cyberviolences qui ciblent spécifiquement les femmes.
La réalité de la violence en ligne contre les femmes
Les chiffres ne mentent pas: les cyberviolences à l’encontre des femmes sont d’une réalité alarmante. Selon une étude menée en 2022 par l’association Féministes contre le cyberharcèlement, 4 Français sur 10 déclarent avoir été victimes de cyberviolences, dont 84% de femmes. La cyberviolence peut revêtir différentes formes:
Le cyberharcèlement
C’est l’utilisation d’outils numériques pour communiquer de manière non-consentante avec une personne. Cela englobe des messages sexuellement explicites non sollicités, des avances déplacées, des menaces de violence ou de mort, ainsi que des discours haineux ou dénigrants motivés par l’identité, l’orientation sexuelle ou le handicap. Il englobe les propos et les insultes sexistes, la grossophobie, le body shaming*…
L’intimidation en ligne
C’est la répétition de comportements comme l’envoi de messages, la diffusion de rumeurs ou la publication d’images d’une personne dans le but de l’intimider ou de nuire à son estime de soi et à sa réputation.
Le voyeurisme digital
Comme dans la “vraie vie”, le voyeurisme digital consiste à capturer des photos ou des vidéos des femmes dans leur vie privée, sans leur consentement, dans le but d’une gratification sexuelle.
Le revenge porn
le partage non-consenti de contenu pornographique ou sexuellement explicite. L’auteur de ces actes (en majorité des hommes) est souvent un ancien partenaire agissant dans le but de se venger après une rupture .
La violence en ligne alimentée par les stéréotypes de genre
Le sexisme, la misogynie, est encore présente partout, y compris dans les médias et le marketing, ce qui n’aide pas à lutter contre les stéréotypes et la misogynie en ligne.
Comme la fameuse « taxe rose », qui donne un prix plus élevé aux produits dits « féminins », y compris sur des produits identiques avec seule la couleur qui diffère… souvent rose pour les filles!
Ou les jouets des enfants, qui stéréotypent les filles (un peu idiotes, aiment les fées et les licornes) et les garçons (costauds, intelligents, aiment la bagarre). Ou encore les cadeaux « fête des mères » liés au ménage ou à l’épilation !
Des associations se sont emparées de ces sujets et certains comptes de réseaux sociaux, comme la Pépite Sexiste, dénonce les magasins concernés (souvent avec succès) pour qu’ils changent leurs prix, enlèvent leur communication ou leurs produits.
Malheureusement, il y a encore un grand travail à faire pour sensibiliser sur ces sujets. Les jeunes sont néanmoins un peu plus sensibilisés, même si certaines idées reçues ont du mal à disparaître.
Tout est vintage chez #vintagecuisine 🤦♀️ pic.twitter.com/lEv6R2Mbe9
— Pépite Sexiste (@PepiteSexiste) February 29, 2024
Vous aussi votre rêve d'enfant c'était d'être une fée du logis 🤩 pic.twitter.com/4DT9bdh1I2
— Pépite Sexiste (@PepiteSexiste) February 22, 2024
Cyberviolences: ce que dit la loi
Le cyberharcèlement est une forme de harcèlement moral défini par l’article 222-33-2-2 du code pénal.
Le cyberharcèlement désigne « le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale » […] « lorsqu’ils ont été commis par l’utilisation d’un service de communication au public en ligne ou par le biais d’un support numérique ou électronique ».
Le cyberharcèlement est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. Si la victime est mineure, les peines peuvent être de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
D’autres lois entrent en compte selon les cas de harcèlement:
- L’injure ou la diffamation publique (article 32 de la Loi du 29 juillet 1881) est un délit passible d’une amende de 12 000 euros.
- L’atteinte au droit à l’image (articles 226-1, 226-2, 226-2-1 du Code pénal) est un délit passible d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
- La diffusion de contenu à caractère pornographique d’un mineur (article 227-23 du Code pénal) est un délit passible de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.
- L’usurpation d’identité (article 226-4-1 du Code pénal) est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.
Les outils de protection
L’Etat et les associations jouent un rôle crucial dans la lutte contre la cyberviolence. Plusieurs structures et outils ont été développés.
Le 3018, numéro d’appel gratuit, anonyme et confidentiel accessible 7j/7 de 9h à 23h. Numéro de l’association E-enfance qui accompagne les jeunes, les parents et les professionnels sur toutes les problématiques liées au numérique.
Le site Pharos permet de signaler un contenu illicite ou un acte de cyber malveillance sur Internet: injures, incitation à la haine, pédophilie, mise en danger des personnes (y compris annonces de suicide), etc. Il faut remplir un questionnaire précis.
24j/7j, par téléphone au 17 (ou 114 pour les personnes en situation de handicap, par téléphone, SMS ou sur l’appli Urgence 114). Il existe aussi la plateforme de signalement sur les violences conjugales, sexuelles ou sexistes, chat anonyme et gratuit, accessible 24/7j, qui permet d’échanger avec les forces de l’ordre.
Les Centres d’Informations sur le Droit des Femmes et des Familles (CIDFF) favorisent l’autonomie des femmes et proposent un accompagnement pluriprofessionnel des femmes victimes de violences et de sexisme. Implantés dans chaque département, les équipes sont composées de travailleurs sociaux, d’avocats, de conseillères conjugales et familiales…
Et à Bagneux?
A Bagneux, le CIDFF 92 dispose d’une permanence le mercredi de 9h30 à 12h à la Maison de la Justice et du Droit à Bagneux au 7 impasse Edouard Branly – 01.46.64.14.14.
Conseils pratiques pour se protéger
- Créer des mots de passe forts afin de sécuriser vos comptes en ligne et/ou activer la double authentification
- Eviter de partager des informations sensibles en ligne
- Être prudent sur les contenus écrits, photos ou vidéos que vous partagez
- En ligne, faire attention aux demandes de contact d’inconnus
- Faire des copies d’écran des messages concernés
- Bloquer le cyberharceleur/la cyberharceleuse directement via les plateformes des réseaux sociaux et signaler en ligne.
Lire aussi la fiche “réflexe” en cas de cyberharcèlement sur le site cybermalveillance.gouv.fr.
Vous êtes témoin ?
Ne likez pas, ne partagez pas, au risque de devenir complice. Ne répondez pas non plus aux commentaires haineux, cela risque d’aggraver la situation et même de la retourner contre vous. Vous pouvez signaler les contenus comme dit plus haut et vous rapprocher de la victime pour l’écouter et lui proposer votre aide.
L'égalité homme-femme sur internet: il y a encore du boulot!
Chaque femme a le droit d’évoluer dans un environnement numérique sain et libre de tout harcèlement. C’est en sensibilisant chacun à cette cause que nous construisons un avenir plus inclusif, en ligne ou dans la vie quotidienne.
A lire aussi: La lutte contre les violences faites aux femmes en 2023
Focus: A Bagneux, cette semaine
“Bagneux, ville féministe”, a planifié des initiatives tout au long de la semaine du 3 au 13 mars 2024, pour mobiliser les habitants en faveur des droits des femmes.